Arrêté de protection du Mont-Blanc
Le Mont-Blanc a longtemps été une montagne comme les autres : un espace de nature où l’être humain est très peu présent et donc un espace de liberté où chacun peut évoluer à sa guise dans le respect de l’environnement alentour.
Avec l’accroissement incessant de la fréquentation du Mont-Blanc, de nouveaux problèmes sont apparus et il a semblé essentiel de revoir certaines règles pour que le Mont-Blanc puisse être un espace naturel qui demeure préservé et protégé. Le 1er Octobre 2020, L’APHN du Mont-Blanc a ainsi été signé.
Pour quelles raisons un arrêté de protection du Mont-Blanc a-t-il été nécessaire ?
L’arrêté de protection du Mont-Blanc fait suite à plusieurs années de surfréquentation du Mont-Blanc qui ont donné lieu à des tensions et des incivilités sur le toit de l’Europe.
Avec le nombre toujours plus important d’alpinistes de tous niveaux qui se lancent à l’assaut du Mont-Blanc, certains problèmes comme des embouteillages sur les arêtes ou encore des refuges plein à craquer ont commencé à se produire.
Dans le même temps, les accidents faute de mauvais équipement ou mauvaise préparation de certains alpinistes amateurs ont obligé les autorités à durcir les règles et mieux vérifier les équipements de ceux qui se lancent dans l’ascension du Mont Blanc.
Enfin, les problèmes d’incivilités ont également augmenté avec le nombre de personnes. Ainsi, des expéditions insolites transportants rameurs de musculation ou encore drapeaux de 10m ont vu le jour dans l’optique de faire le buzz, et certains équipements se sont retrouvés abandonnés par leurs auteurs à cause de leur épuisement et ont dû être évacués par hélicoptère pour débarrasser le Mont-Blanc de ces déchets très encombrants.
D’autres activités interdites, comme le camping sauvage dans des lieux protégés, étaient également de plus en plus pratiquées et devenaient elles aussi un problème pour le site.
Quel est l’objectif de l’arrêté de protection du Mont-Blanc ?
L’objectif de l’arrêté de protection du Mont-Blanc est avant tout de limiter l’impact de la fréquentation du toit de l’Europe sur son espace protégé.
Les ambitions sont claires : limiter la fréquentation du Mont-Blanc en contrôlant davantage les personnes qui s’y aventurent, leurs guides et en bridant les possibilités de séjour improvisé le long de ses voies d’ascension.
L’objectif plus secondaire est également de limiter les initiatives farfelues (monter un jacuzzi ou un rameur en haut du sommet par exemple) pour ne pas détériorer l’image du Mont-Blanc et inciter d’autres expéditions du même type.
Enfin, le but est également d’assurer une meilleure sécurité de ceux qui s’aventurent sur le Mont-Blanc, en n’encombrant pas les voies, les refuges et en vérifiant les équipements et les certifications des guides.
En somme, cet arrêté vise à concilier un intérêt grandissant pour l’alpinisme et le Mont-Blanc avec les problématiques de protection de l’environnement et de sécurité.
Les mesures de l’arrêté préfectoral de protection du
Mont Blanc
L’arrêté préfectoral de protection du Mont-Blanc ne concerne pas que le Mont-Blanc lui même mais aussi certains de ses pics voisins comme le Dôme du Goûter, l’Aiguille du Goûter, l’Aiguille de Bionnassay, le Mont Maudit et le Mont Blanc du Tacul. L’APNH s’étend ainsi de 1700 m jusqu’à 4810 m d’altitude.
Parmi les principales mesures de l’arrêté, celle de camper en dehors du camp de base de Tête Rousse est sans doute l’une des plus importantes. De même, il est dorénavant interdit de bivouaquer sauf en cas de force majeure sur l’itinéraire ou à proximité de la voie normale.
Il est de plus à présent interdit de faire l’ascension du sommet sans réservation nominative en refuge. Une exception existe pour les personnes pouvant justifier qu’ils sont suffisamment en condition pour faire l’aller-retour sur une journée, ce qui ne devrait pas en concerner beaucoup.
L’une des autres mesures phares de l’arrêté vient de la vérification des équipements de ceux qui se rendent au sommet, et la limitation à 3 du nombre de personnes par cordée.
Enfin, l’arrêté interdit formellement les manifestations et opérations de toutes natures (sportives, festives, publicitaires) sur le Mont-Blanc et grave dans le marbre l’interdiction d’édifier tous types de structures, même temporaires, sur le site.
Un arrêté contesté par certains élus et alpinistes
Si tout le monde tient à préserver le Mont-Blanc des dérives liées à sa surfréquentation, l’arrêté n’a pas toujours été reçu d’un bon oeil, notamment par les élus locaux de certaines municipalités et certains alpinistes amateurs comme confirmés
Si tous s’accordent sur la nécessité de préserver la beauté naturelle du site, de son écologie et de mettre un terme aux excès, pour beaucoup la montagne doit rester un espace de liberté où tout n’a pas à être légiféré.
Cet arrêté est ainsi parfois vécu comme contraire aux valeurs même de l’alpinisme, malgré ses bonnes intentions.